La question de la présence des animaux en EHPAD

Face aux refus des établissements, chaque année, des centaines de personnes âgées se voient dans l'obligation de de se séparer de leur compagnon.

Peanuts, Jardins d'Iroise, EHPAD de Charente Maritime_FA Vanessa_déléguée Charlyne

Faire le choix impossible de se séparer de son compagnon, voilà un dilemme auquel personne ne souhaite se voir confronté !
C’est pourtant la dure épreuve par laquelle doivent passer certaines personnes âgées qui intègrent un EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). Beaucoup d’annonces sur les réseaux sociaux sont porteuses de ces messages de maitres ou de maitresses qui, pour diverses raisons et souvent par perte d’autonomie, ne peuvent plus subvenir aux besoins de leur animal et sont alors contraints de leur trouver une nouvelle famille.

En effet, la majorité des établissements de ce type refusent la présence d’animaux de compagnie, parfois derniers remparts contre la solitude extrême dans laquelle se trouvent ces personnes. Un article de 1974 interdisait d’ailleurs purement et simplement la présence d’animaux dans les enceintes de structures hospitalières. Il ne fut abrogé qu’en 2003.
Aujourd’hui, l’importance des animaux dans la vie des résidents de ces établissements est davantage reconnue. Certains comme nos chiens d’accompagnement social HANDI’CHIENS sont même considérés comme co-thérapeutes et peuvent intervenir au cours de diverses animations visant à apaiser l’atmosphère si nécessaire ou encore à favoriser la communication. Les animaux permettent de préserver un lien social lorsqu’il n’existe plus ou uniquement partiellement et, plus intéressant encore, sont un formidable moyen d’en développer de nouveaux. Si l’on reprend la définition de la santé de l’OMS datant de 1946, la santé étant un état de bien-être physique, mental et social, il apparait évident à tous les amoureux des animaux qu’ils peuvent se révéler incroyablement bénéfiques à tous ces niveaux pour peu qu’on les accepte pour ce qu’ils sont. Les animaux dits de « compagnie » sont de plus extrêmement bien représentés sur le sol français puisque l’on dénombre plus de 7 millions de chiens, 14 millions de chats et environ 5 millions de NAC (nouveaux animaux de compagnie). Il n’est donc pas possible de continuer à marginaliser ceux pour qui il est impossible de songer à s’en séparer ou pour qui la présence animale est importante .

Le Conseil de Paris favorable à " la lutte contre l’isolement à travers la présence d’animaux domestiques dans les Ehpad "

En province, les animaux sont davantage acceptés dans les structures hospitalières ce qui n’est pas le cas dans les EHPADs de la capitale. Face à cette situation, en février dernier une délibération sur « la lutte contre l’isolement à travers la présence d’animaux domestiques dans les Ehpad » a été déposée par les élus du groupe MoDem, Démocrates et Ecologistes, et votée à l’unanimité par le Conseil de Paris. Un Ehpad du Centre d’action sociale de la ville de Paris (CASVP) va ainsi accueillir durant une année un animal, une expérimentation avec pour objectif la création d’un référentiel dédié pour 2023. Les enjeux mais également les défis sont nombreux. Les bienfaits sur la santé et le bien-être des résidents appréciant les animaux sont indéniables. Mais il est aussi important de veiller au bien-être des animaux, de permettre aux résidents et personnels n’ayant pas d’affect particulier pour eux de faire le choix de ne pas y être confrontés. Il s’agira également de veiller à ce que cela ne représente pas une charge de travail supplémentaire pour l’ensemble du personnel, souvent déjà débordés. Cela sera donc un grand travail de dialogue auprès des résidents réticents, de collaboration auprès des différents acteurs, de réflexion sur les moyens d’assurer le bien-être de tous (animaux compris !), qui devra être mené afin que ce projet apporte les meilleurs résultats possibles.

On peut donc espérer qu’à moyen terme il soit possible d’accueillir les animaux dans toutes les différentes structures (y compris hors de la capitale bien-entendu), médicalisées ou non. Cette action pourrait entrainer un changement très positif dans le rapport entretenu avec les animaux de compagnie, reconnus depuis 1976 comme êtres sensibles et pourtant séparés de leur humain d’attachement en cas de perte d’autonomie de celui-ci.

Si le projet aboutit, il restera encore une autre problématique. En effet, l’acceptation d’un animal peut parfois relever du défi, mais en accepter plusieurs et assurer leur cohabitation soulève d’autres questions notamment en termes de compétences et d’organisation. Néanmoins si la ville de Paris y met les moyens techniques et financiers, on peut tout à fait imaginer la création de nouveaux postes de personnels qualifiés et formés à cette fin, tels que les « pet-sitters » par exemple. Ils pourront ainsi aider les équipes à gérer les différents animaux et les résidents qui le souhaitent à subvenir aux besoins de dépense physique et mentale de leurs compagnons. Ceci afin qu’eux aussi soient bien dans leurs pattes et bénéficient pleinement de cette belle initiative ! Ils apporteront par la suite toute l’affection et le réconfort dont on les sait capables.

Je me lance !