« Une vie de chien, et un peu plus! » découvrez le quotidien de Pokaa, chien d’accompagnement social formé à la détection de maladies

Christelle Schreiber, éducatrice référente sur l'organisme de formation HANDI'CHIENS en Alsace nous explique la vie au quotidien de Pokaa, premier Handi'Chiens d'accompagnement social formé à la détection de maladies.

HANDI’CHIENS : Peux-tu nous expliquer quel est ton rôle comme référente dans l’unité de formation HANDI’CHIENS?
Christelle : Alors au quotidien, je vais gérer les chiens sur l’ensemble des situations, autant sur les entrées et sorties de chiens que sur le positionnement des chiens en fonction des projets, le travail des chiens et l’encadrement de l’équipe d’éducation.

HC : Quand est entré Pokaa en fonction comme chien d’accompagnement social ?
C. : Pokaa est arrivé sur Kunheim pour finir un parcours classique de chien d’accompagnement social. Il a été remis à l’association Quatre pattes pour un sourire, qui est animée par Josiane KOHLER. C’était au mois de mai ! Il a rejoint son équipe de médiation animale, qui était déjà composée de deux autres chiens. Puis a été lancée la proposition de suivre la formation de chien détecteur COVID à Maisons-Alfort. Il a fallu sélectionner parmi des chiens en éducation un chien et tout naturellement, je me suis tournée vers Pokaa pour différents points. Déjà, Pokaa était un chien qui allait rester dans le secteur. Pas un chien qui allait partir sur un autre établissement, donc la possibilité de le solliciter autant que besoin sur un travail de détection. Et c’était aussi de se dire qu’il fallait un chien qui soit compatible avec l’environnement parisien. Le train, le métro, enfin, tout ce que peut comporter l’environnement en milieu urbain et très urbain à Paris. Et tout naturellement m’est venu Pokaa que je venais à peine de remettre à l’association. C’était un petit peu embêtant de se dire que du coup, j’allais devoir le récupérer pour aller suivre cette formation là. Et au final, on se rend compte que c’était la meilleure décision puisque Pokaa reste disponible autant que besoin sur l’EHPAD de la Roselière à Kunheim, puisque sa famille référente habite à deux villages à côté de la maison de retraite et également c’était le chien finalement adapté puisque il a rempli cette mission là avec grand succès sur la formation Nosaïs.

HC : Comment s’est déroulée la formation de Pokaa?
C. : Les premiers jours on a testé la réactivité olfactive des chiens par rapport à une recherche qui avait été définie, même si sur les premiers jours, on est parti sur la détection de croquettes tout bêtement pour savoir si le chien allait pouvoir comprendre le fait de devoir chercher quelque chose de façon précise. Très rapidement, il a montré tout de suite un intérêt pour la recherche. Ensuite, au bout de quelques jours, on a aussi travaillé sur la discrimination de différentes odeurs. Et là encore, Pokaa a montré qu’il apprenait très vite ce qu’on lui demandait et qu’il était vraiment capable de remplir cette fonction là. C’est un chien qui nous a très vite proposé un marquage et c’est un chien qui remplit un peu toutes les compétences parce qu’il est vraiment dans la relation avec son binôme. En l’occurrence, moi. Il a vraiment montré un intérêt particulier pour utiliser son olfaction sur le travail de recherche.

HC : Peut-on proposer ces formations à tous les chiens? Pourquoi avoir porté votre choix sur Pokaa ?

C. : On pourrait essayer de le proposer à beaucoup de chiens. Peut être pas à tous. Mais encore une fois Pokaa était un chien qui est très disponible au travail. Donc ça, c’était quelque chose de très intéressant. C’est un chien qui a une forte relation avec l’humain. Pour lui faire plaisir, il va facilement se montrer disponible et réceptif à ce qu’on va lui demander. Et puis, pour Pokaa, c’est un plaisir de le faire! Il n’y avait pas de contraintes. Je ne lui ai jamais imposé de contraintes. Et encore une fois, pour lui, ce n’était que du plaisir. Pokaa c’était vraiment le chien qui me tirait en avant. Dès que je le sortais de la pièce de repos il me tirait pour aller à la salle dédiée.

HC : Comment se déroulent les journées de Pokaa?
C. : Il faut savoir que Pokaa, son profil de base, est d’être un chien d’accompagnement social, donc d’intervenir sur différentes structures avec Josiane, sa famille référente, sur des établissements sociaux et médico sociaux auprès de différents publics (personnes âgées, personnes en situation de handicap, enfants). Et donc, il remplit à ce moment là sa fonction première de chien d’accompagnement social à travers des activités, à travers de sa présence, à travers de tout ce qu’il va pouvoir apporter aux personnes en termes de relationnel et de contact. Et à côté de ça, il va venir très régulièrement sur Kunheim pour pratiquer cette compétence qu’on lui a rajouté de détection. Il sait très bien faire la part des choses. Que ce soit pour le travail de médiation animale ou pour le travail de détection. Les deux activités sont bien dissociées pour nous et pour le chien, et il arrive très bien à se remettre dans l’une ou l’autre fonction selon ce qu’on va lui demander. Quand il est en médiation animale, en contact avec le public, il sait que son travail c’est vraiment d’être au contact des gens, de faire des activités avec eux, d’être posés ou d’être dans le jeu, dans l’échange avec les personnes. Et quand il est sur un travail de détection, là, du coup, il va rendre service à l’humain, mais sans que l’humain soit présent. Donc, il sait très bien faire faire la différence entre les deux activités qu’on lui demande. Et puis, à côté de ça, il a aussi tout ce dont a besoin un chien, que ce soit un chien de compagnie ou un chien d’activités, de médiation animale ou de détection. Il a une vie de chien. Tout simplement auprès de sa famille. Et puis avec nous aussi sur Kunheim quand on fait de la détection, il faut vraiment répondre aux besoins de l’animal en termes de détente, en termes de repos, en termes d’occupation différentes.

HC : Pokaa a du coup une vraie vie de famille ?

C. : Tout à fait ! Le matin en général, c’est soit moi qui passe le chercher dans sa famille, soit c’est Robert KOHLER, qui est directeur de la maison de retraite, qui lorsqu’il vient sur l’établissement me le dépose. Et le soir, une fois qu’on a terminé nos séances de travail ou les séances de détection dans l’établissement, Pokaa retrouve sa famille.

HC : Du coup il n’est pas tous les jours sur des missions de détection ?
C. : Ça va dépendre. On va toujours essayer de maintenir une phase de travail pour le chien de 2 jours par semaine. Et en dehors de ça, ça va vraiment dépendre des besoins. Si on sent qu’à un moment donné, il y a des besoins plus poussés au niveau de l’EHPAD, ou qu’il y a des demandes extérieures, je peux solliciter Pokaa plus sur la semaine et aller le récupérer dans sa famille. Mais on a en général deux jours fixes, que ce soit pour l’entretien où on va travailler le chien sur des échantillons qu’on aura reçu d’hôpitaux ou de laboratoires, ou alors, encore une fois, faire de la détection sur l’établissement du personnel et des résidents.

HC : Combien de tests en moyenne réalise-t-il dans la journée ?
C. : Alors sur de l’entretien, on fait une trentaine de passages sur des échantillons dont on a du coup des confirmations PCR positifs ou négatifs derrière. Ca c’est vraiment l’entretien du chien. Et si c’est sur de la détection, sur l’établissement ou sur des personnes extérieures qui nous sollicitent. Là ça va vraiment dépendre. Par exemple, on a une suspicion sur un étage. On ne va pas forcément tester tout l’établissement. On va déjà commencer par un étage qui équivaut à à peu près à une vingtaine de personnes. Et en fonction des résultats, on va élargir sur les services à proximité. Et pour les tests sur des personnes en extérieur, comme ça a déjà été le cas, ça peut être tout simplement rajouté sur une phase d’entraînement. Je prends l’exemple d’un particulier qui est venu nous demander l’aide de Pokaa pour la détecter. On était sur une phase d’entraînement, donc on a pris nos échantillons positifs négatifs confirmés par PCR. On a rajouté celui-ci de la personne, et le chien a fait son travail justement en relation aussi avec ce qu’il connaît déjà en entretien positif négatif. Et là, il a pu faire son activité et dire si cette personne là rentrait dans le positif ou négatif. On a testé son échantillon. Pokaa a « marqué » l’échantillon comme positif. J’ai demandé à cette dame qui était asymptomatique de faire une confirmation PCR. Donc elle a été d’abord en pharmacie faire un antigénique qui est revenu négatif. Elle a tout de même souhaité faire un PCR  qui est revenu positif.

HC : Quels sont les retours des résidents sur cette méthode alternative pour la détection ?
C. : Pour les résidents de la maison de retraite, c’est beaucoup plus agréable. Quand je vais faire les prélèvements sur la structure, j’emmène un chien avec moi, ce qui permet aussi d’expliquer aux résidents « Voilà ce qu’on va faire. Voilà pourquoi on vous demande de mettre des compresses sous les bras. Voilà pourquoi on vous demande de porter un masque pendant 10 minutes ». Ça met en image ce pourquoi on leur demande de faire un petit don de sueur ou de masques. Donc, pour elles également, c’est agréable parce que du coup, quand je vais récupérer les échantillons avec la présence d’un chien, en l’occurrence je pratique aussi en partie la médiation animale. Déjà, c’est expliquer les choses, prendre le temps pour les personnes, faire un peu de médiation animale avec la présence du chien. Et puis, pour elles, elles expliquent très clairement que c’est beaucoup plus agréable, beaucoup plus confortable de faire ces prélèvements là plutôt que d’avoir un écouvillon dans la narine qui souvent est douloureux et désagréable. Elles voient vraiment un intérêt différent à la détection par le chien.

Je me lance !