« Formation des chiens détecteurs de COVID-19 », interview de Florian Auffret, Chargé de mission HANDI’CHIENS

Apprenez-en plus sur sur la manière dont nos Handi'Chiens interviendront dans les établissements pour la détection de la COVID-19 . Florian Auffret, chargé de mission HANDI'CHIENS, revient dans cette interview sur le projet Nosaïs initié par le Professeur Grandjean et ses équipes, ainsi que sur les méthodes de formation employées et les projets futurs.

Le projet Nosaïs

Le projet Nosaïs est un projet qui a vu le jour sur l’école vétérinaire de Maison Alfort avec le Professeur Grandjean, vétérinaire là-bas, qui a créé une équipe avec des éthologues pour travailler sur l’olfaction. A la base c’est une méthode globale sur l’olfaction mais très rapidement, pendant le premier confinement, ils ont commencé à réfléchir à la détection COVID.

Comment se passe la formation à la détection de la COVID 19?

Il va falloir « entrer » dans le cerveau du chien, ce qu’on appelle créancer le chien à une odeur spécifique. Pour ça il va falloir lui présenter de multiples échantillons qui viennent d’une population très diversifiée pour que le chien puisse créancer exactement la bonne odeur, c’est à dire l’odeur du COVID et pas l’odeur du COVID plus autre chose. Donc il va falloir présenter au chien une odeur de COVID; une odeur de COVID plus une démence; une odeur de COVID chez un jeune, chez une personne âgée, chez un adulte, un ado, une femme, un homme.

On peut aller très très loin dans le processus de création d’échantillons Mais plus on va être large sur la provenance de ces échantillons, plus on aura derrière une capacité du chien à se créancer que sur un point donné qu’est la COVID .

En quoi consiste la formation de ces chiens et quel sera pour nos Handi'Chiens leurs lieux d'intervention?

Cette formation pour nous elle va durer quasiment 1 mois en interne avec 3 éducateurs qui sont positionnés sur la COVID et qui vont travailler spécifiquement avec des chiens d’accompagnement social. Alors pourquoi des chiens d’accompagnement social, parce que tout simplement là on rentre sur notre domaine d’expertise qui est l’attribution de chiens à des professionnels de santé et donc également des chiens qui sont déjà en poste et qui ont déjà un accès dans l’établissement. Que ce soient des maisons de retraite, des IME ou des foyers d’accueil médicalisés. C’est vraiment pour nous l’important d’être sur ce secteur là. On n’a pas une mission au sein de HANDI’CHIENS de développer de la détection de masse dans les aéroports ou des gares. On a vraiment cette capacité à aller auprès du public dans les établissements et la valeur du chien d’assistance prend plus tout son sens. Et quand on voit des personnes avec par exemple en maison de retraite des démences de type Alzheimer et un test PCR qui est très invasif, peut être pris comme une agression et donc augmenter les risques d’agressivité chez la personne. Avec un système d’olfaction on va pouvoir cibler directement la personne qui est positive et faire après les prélèvements mais on aura une cible plus précise.

Quelle sera leur mission dans les établissements?

Dans un premier temps on va travailler uniquement sur des échantillons qui vont être prélevés chez la personne. Ce sont des échantillons de sueur pris principalement sous le bras qui vont pouvoir être sentis par le chien (on appelle ça snifer en termes sino technique). Donc snifés par le chien. Ce qui doit permettre après de cibler les positifs des négatifs et d’aller après sur un PCR ou un test plus normalisé. On va prendre sur une sélection dans un EHPAD 10-15 prélèvements, les mettre ensuite dans une pièce spécifique et le chien va pouvoir aller au cas par cas sentir l’odeur. On a besoin d’avoir ce système d’échantillons tout simplement parce que d’un point de vue de logistique on doit aussi pouvoir mettre le chien dans une pièce à part pour ne pas stigmatiser, pour ne pas montrer les résultats aux yeux de tous et garantir une anonymisation des tests positifs, négatifs et de la prise en charge.

Dans quels cas seront effectués les tests?

Ces prélèvements d’échantillons vont être pris au cas par cas soit dans une unité spécifique soit en cas de doute légitime sur une présence de COVID. Ca nous permettra de vraiment cibler les personnes et ensuite d’avoir comme il se passe aujourd’hui les personnes contact ou autre dans la population générale. C’est vraiment un prélèvement donné sur un secteur. Ca nous permet derrière de développer le système et d’avoir les cas contact qui vont être définis  sur le secteur de la maison de retraite ou autre établissement.

Combien de Handi'Chiens sont actuellement formés?

Aujourd’hui on a 3 chiens qui sont en formation avec 3 éducateurs. L’idée de HANDI’CHIENS, le processus qu’on a mis en place, c’est vraiment d’avoir ces 3 éducateurs qui forment les 3 premiers chiens et une fois que eux vont être formés on va lancer la formation sur  nos chiens d’accompagnement social. Donc là le projet c’est que ces 3 éducateurs qui viennent de 3 centres différents montent avec le bureau de l’association et les salariés le process d’éducation. Quels chiens on va aller sélectionner? On va avoir un critère d’âge. Entre tel âge et tel âge. Avec tel tempérament, telle compétence. Pour pouvoir ensuite ouvrir la formation aux établissements et à la sélection de leurs chiens.

Aujourd’hui on sait qu’on a une grande capacité. On a beaucoup de chiens qui sont attribués mais il va falloir cibler les chiens qui vont être les plus compétents pour éviter d’avoir des problématiques d’allongement de la formation et de prise en charge des chiens derrière. Le projet est vraiment de pouvoir former un maximum en attendant également d’avoir un retour de la Direction Générale de la Santé qui va pouvoir nous indiquer leurs axes de communication et leurs axes de financement pour le travail de nos chiens.

Quel(s) profil(s) de chien?

Sur le choix des profils de chien là on est encore sur la conception même du programme. Je suis quotidiennement les éducateurs qui sont chez Nosaïs et je leur demande des points de retour. Par exemple je leur ai demandé de réfléchir sur la sélection des chiens, de lister un âge minimum, un âge maximum sur lesquels on peut intervenir et former correctement. Un tempérament qui serait nécessaire. Est-ce qu’un chien trop calme ne va pas nous poser problème? Est-ce qu’un chien trop vif ne pose pas d’autres problèmes? Le comportement général. Est-ce qu’il nous faut un chien qui soit réfléchis et posé ? Est-ce qu’il nous faut un comportement d’un chien curieux et très disponible? Ca ça va être important. Puis après la deuxième étape ça va être la gestion de formation. Combien de temps les éducateurs vont devoir récupérer les chiens pour les former et combien de temps il nous faut pour former le référent à la détection parce que c’est une double compétence qu’il faut. Il faut que le chien soit compétent dans la recherche mais il faut que le maître derrière comprenne l’olfaction du chien et comprenne toutes les étapes, tout le processus qui se met en marche pour éduquer le chien.

Quels sont les projets futurs?

En fait l’idée de la détection médicale et de la COVID c’est aussi toute l’idée du partenariat avec Nosaïs. Si on est allé vers le professeur Grandjean et vers son équipe, c’est à la fois pour apprendre parce qu’ils ont des compétences importantes mais également pour créer un partenariat qui serait plutôt sur du long terme puisqu’on sait aujourd’hui que la Direction Générale de la Santé envisage des programmes à moyen voire à long terme. Qu’on ait un maximum de chiens compétents, de personnes compétentes sur la détection ça permet également un déploiement futur beaucoup plus rapide. On peut imaginer que si dans 5 ans on a un nouveau virus qui arrive et qui serait comme la COVID on pourrait, vu qu’on a le processus de formation, très rapidement mettre en place la récupération des échantillons. Et la formation de chiens en 1 mois-1 mois et demi maximum pour pouvoir les attribuer. Si on a une détection beaucoup plus rapide dans les établissements, ça nous permet également d’être beaucoup plus réactifs et de cerner ce milieu social médico-social et d’éviter les problématiques qu’on a eu puisque cette année la problématique dans les établissements ça a été l’isolement des résidents. Donc ça c’est vraiment un axe Et on sait également que des travaux sont en cours sur d’autres pathologies. Là c’est l’équipe même du Professeur Grandjean qui travaille sur Parkinson, qui travaille sur plein d’odeurs spécifiques au niveau médical. Cela pourrait aussi pourquoi pas faire partie de nos process un jour sur l’éducation des chiens et sur la suite d’éducation de nos Handi’Chiens puisqu’on aura toujours besoin de nos chiens d’accompagnement social et on pourra venir faire une formation complémentaire sur telle ou telle odeur. 

Je me lance !