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HANDI’CHIENS à l’école : Interview croisée de 3 bénévoles
Alexe, Marine et Anne-Sophie animent régulièrement des sensibilisations à l'école sur le handicap et le rôle des chiens d'assistance. Convaincues de l'apport pour les enfants, elles ont accepté de nous en dire plus sur leur démarche ainsi que leur engagement.
HANDI’CHIENS : Pouvez-vous vous présenter et expliquer votre engagement au sein de l’association ?
Alexe : J’ai 18 ans et je suis famille d’accueil de Shadow qui a maintenant 14 mois. Je fais partie de l’asso depuis 2019 donc c’est la deuxième fois que je suis famille d’accueil. J’ai été famille d’accueil de Poly et maintenant donc de Shadow; et en septembre j’accueillerai mon troisième Handi’Chiens puisque Shadow partira en centre dans 3 semaines.
Marine : Je suis déléguée famille d’accueil pour HANDi’CHIENS mais je ne sais plus depuis combien de temps ! J’ai eu d’abord 5 chiens comme famille d’accueil et ensuite ma déléguée s’est arrêtée. J’ai alors décidé de suivre la formation pour devenir déléguée moi-même et j’ai pris la suite. Là je termine ma quatrième promo et je vais bientôt commencer la cinquième. En tant que déléguée, j’encadre et j’accompagne les familles d’accueil dans l’éducation des chiots que l’association leur remet jusqu’à leur séparation puis leur arrivée au centre.
Anne-Sophie : Je suis professeur des écoles en ULIS (Unité Localisée pour l’Inclusion Scolaire, ndlr) à Calais. Mes élèves avaient eu l’occasion avec le SESSAD (Services d’Education Spéciale et de Soins A Domicile, ndlr) de faire une séance de médiation animale et aider HANDI’CHIENS, me ‘trottait’ depuis longtemps dans la tête ! Nous avions peur avec mon mari de nous attacher trop, mais nous avons tout de même sauté le pas. Je suis devenue la famille d’accueil de Pesto en juillet 2019, ma fille avait un an. Je l’ai emmené rapidement à l’école, ça s’est très bien passé. Les enfants étaient très attachés à Pesto et me demandent encore des nouvelles aujourd’hui bien qu’il ait été remis à Lancelot.
HC. : Pourquoi faire des sensibilisations à l’école ?
A. : Je vais bientôt intégrer une formation d’assistante vétérinaire mais ce sera seulement en 2023 du coup j’ai trouvé une mission de service civique en attendant de trouver ma formation. Je travaille dans une école primaire près de chez moi et ai amené le sujet à mon directeur « pourquoi ne pas amener Shadow qui pourrait sensibiliser les enfants mais aussi l’aider elle dans son parcours de future Handi’Chiens ? » et nous l’avons fait !
M. : C’est le projet d’Alexe avant tout, une de mes familles d’accueil qui s’en occupe seule. Je ne suis là qu’en appui pour apporter d’autres informations si besoin mais c’est un projet qu’Alexe a mené seule en contrat jeune dans une école. J’ai donné mon accord parce que Shadow avait bien évolué et était capable. J’étais contente car ce n’était que du positif pour Shadow également. C’est un très beau projet, on échange régulièrement en cas de difficulté, pour réfléchir à ce que l’on peut faire pour que ce soit profitable au maximum pour Shadow. Elle l’avait fait auparavant avec Polly pour faire de petites démonstrations. Je savais qu’elle avait déjà cette expérience, c’est simplement encore plus approfondi avec Shadow dans le cadre de son contrat jeune.
A-S. : Mes élèves ont du mal à comprendre qu’eux aussi sont en situation de handicap. Pour eux c’est un gros mot. Mais, grâce à Pesto, pour la première fois, les autres élèves disaient « Vous avez trop de la chance d’aller en ULIS ! » et ça, c’est énorme pour eux. En plus, avant, les autres élèves faisaient la liaison « un nul-IS » même sans le vouloir ; au départ mes élèves entendaient donc surtout ‘nul’. C’était compliqué pour eux, et là, enfin, ils avaient « trop de la chance » et entendaient « mais moi aussi je veux aller en ULIS ! ».
Je voyais vraiment la différence! J’ai aussi fait beaucoup de productions d’écrits autour de Pesto pour mettre en avant ce qui était dur pour eux et ce que Pesto changeait pour eux. Je leur ai fait écrire « ce qui est difficile pour moi c’est… et Pesto m’aide à… ». Un élève m’a écrit « quand Pesto est là, je réfléchis« . J’ai des élèves TDAH (Troubles de l’Attention et de l’Hyperactivité), et ils faisaient beaucoup plus attention en sa présence ; il n’y avait plus de crayons qui tombaient parce que sinon Pesto risquerait de les attraper et de se blesser; ils avaient bien moins de mouvements parasites. Les bénéfices sont flagrants et pas du tout à prouver selon moi.
HC. : Comment se déroule une action de sensibilisation à l’école ?
A. : Je suis allée de la maternelle jusqu’au CM2, donc j’ai bien sûr dû m’adapter au niveau des âges. Je présente Shadow, pourquoi elle est là, pourquoi elle a une cape. Je parle d’abord de l’association et je parle ensuite de la mission d’un chien d’assistance et pourquoi ça peut aider une personne en situation de handicap.
A-S : Je ne faisais pas particulièrement de séance autour de Pesto. Nous le laissions vivre dans la classe. A l’arrivée évidemment on faisait un petit quart d’heure avec Pesto, on prenait le temps de lui dire bonjour. Au fur et à mesure de son apprentissage des « commandes », je les montrais aux élèves. Cela leur permettait aussi de travailler leur voix, parce que quand ils disaient ‘Pesto’ tout doucement entre leurs dents, Pesto ne venait pas. Ils apprenaient donc à se poser, à se faire confiance. Je leur disais « tu vois, dans ta voix, toi-même, tu n’es pas convaincu qu’il va venir ; appelle-le vraiment, demande-lui de venir ». Ils prenaient alors confiance et étaient fiers quand Pesto venait. Ça a été très important.
HC. : Avez-vous rencontré des « barrages » pour l’organisation de ces sensibilisations
A. : Oui, mon directeur n’était pas très ‘fan’ des animaux ; ça a été un peu dur. J’ai dû monter un projet pour expliquer pourquoi et dans quel but. Quand il a lu tout ce que j’avais écrit sur HANDI’CHIENS, il m’a dit qu’il n’y avait pas de soucis. Et ça s’est très bien passé !
M. : Pas particulièrement, ça a simplement pris un peu de temps avec les autorisations mais Alexe a pu mener son projet. Si elle avait eu besoin que j’appelle quelqu’un je l’aurais fait, mais nous n’en avons pas eu besoin. Nous n’avons fait qu’un document officiel pour attester que le chien était bien vacciné et ça a bien aidé pour obtenir l’accord ; cela prouvait que c’était un chien ‘en règle’, de HANDI’CHIENS, et cela a rassuré tout le monde. C’est là aussi qu’on voit que HANDI’CHIENS avance et c’est très bien pour l’association et sa reconnaissance par un large public. Ça fait plaisir de parvenir à monter de beaux projets comme celui-ci, qui valorise le chien et est bénéfique pour les enfants comme pour l’association.
A-S. : Ça a été au départ très compliqué d’avoir le droit d’emmener Pesto à l’école parce qu’au niveau de l’institution la réponse était ‘non, pas de chien dans les écoles’. Je me suis dit que c’était un combat très important parce que pour les bénéficiaires ensuite, si l’on n’arrive pas à emmener leurs futurs compagnons en formation, il sera difficile ensuite de les proposer aux enfants qui en ont vraiment besoin. J’ai eu la chance d’avoir une inspectrice qui m’a beaucoup soutenue dans mon projet, elle est également proche de tout ce qui s’apparente à la médiation animale. Il n’était pas envisageable pour moi d’être famille d’accueil sans emmener Pesto à l’école. Le projet était réellement de pouvoir toujours le prendre avec moi. Mes collègues m’avaient aussi dit « tes élèves ont déjà des problèmes d’attention, avec un chien en plus, ça va être terrible ». Mais ça a été tout l’inverse !
HC. : Selon les tranches d’âge, quelles sont les réactions des enfants mais également des enseignants et des parents ?
A. : Pour les tout-petits, les maternelles, on a fait un mot aux parents pour dire qu’il y aura un animal dans la classe, on ne sait jamais si l’enfant a peur, ils sont petits. On regarde aussi côté allergies. Nous n’avons pas eu d’allergies à part un élève de CE2 qui s’est mis au fond de la classe mais c’était une petite allergie et ça a été très bien. Mais on n’a pas eu de souci, les parents étaient très contents justement que Shadow vienne à l’école.
A-S. : Les parents ont tout de suite soutenu le projet et étaient très contents. Notre priorité était de vérifier qu’il n’y avait pas d’allergies chez les élèves. Le projet a été très bien reçu, même si au moment de la séparation ils m’en ont « un peu voulu » bien qu’ils étaient prévenus du fait que son départ approchait !
HC. : Leur moment le plus marquant lors de ces sensibilisations ?
A. : Les petits sont contents, avoir un chien à l’école, c’est assez rare ! Mais un jour, un enfant avait été traumatisé parce qu’il avait été mordu. Ça a forcément été un peu dur pour lui. Je lui ai montré Shadow, qui a été super calme, elle s’est couchée sur ses genoux toute la séance. Il a adoré et il ne l’a pas lâchée de la matinée. C’était assez émouvant.
A-S : J’ai une élève qui ne ressent pas la douleur. Elle n’avait pas de lien avec Pesto, et n’était pas en confiance. Un jour, Pesto était collé à elle ; je me demandais ce qu’il se passait. Et son nez commençait à devenir bleu. Je lui ai demandé si elle s’était blessée et elle m’a dit « tout à l’heure à la cantine, je me suis cogné le nez contre une barre en fer ». Et effectivement, elle avait un gros bleu sur le nez, je me suis même demandée s’il n’était pas cassé. Pesto était autour d’elle et l’avait senti. Ça a beaucoup fait évoluer leur relation. Un autre jour, à quelques jours du départ de Pesto, j’ai fait une séance de calcul mental sur ardoise et un élève a donné son ardoise à Pesto en lui demandant de me l’apporter. Il était très fier de voir Pesto m’apporter l’ardoise avec le résultat du calcul, c’était chouette !
HC. : La question ou les questions les plus originales posées par les enfants ?
A. : Oui, ça dépend des tranches d’âge ! Je pose des questions pour faire vivre un peu l’intervention ; donc je demande ‘que peut faire Shadow pour aider une personne en situation de handicap ?’ et on m’a déjà demandé si elle pouvait se mettre debout et pousser le fauteuil roulant. Un élève m’a aussi demandé, « et si une personne venait à tomber, le chien peut taper le numéro des urgences ? » !
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