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« Nestea a été déterminant pour certains élèves en grande difficulté »
Nestea, chien d’assistance à la réussite scolaire, entame sa deuxième année scolaire complète au sein du Lycée Professionnel Agricole d’Alençon (Orne). Le professeur Fabrice Emo est l’un des deux principaux référents du golden retriever et l’un des quatre enseignants habilités à l’avoir en salle de classe. Il nous raconte l’année écoulée.
Fabrice EMO : Elle s’est très bien passée dans l’ensemble. Il n’y a pas eu de gros soucis avec les élèves qui le voient principalement comme la mascotte du lycée. Mais il a surtout été très utile pour certains élèves en grandes difficultés personnelles, généralement familiales, en tout cas ayant des parcours compliqués. Ils avaient souvent besoin de sortir de classe avec le chien pour verbaliser un peu ce qu’ils avaient sur le cœur, sur ce qu’il s’était passé, etc. On a connu deux cas pour lesquels il a été d’un grand secours. Deux élèves qui ont pu aller au bout de l’année scolaire et pour lesquels Nestea a joué un rôle déterminant.
F.E : Il a ses habitudes. Il commence la séance par un petit tour de cinq minutes pour voir un peu tous les élèves, puis quand je commence le cours il revient vers moi. De temps en temps il refait un petit tour dans la salle mais disons que 80% du temps, il reste sagement couché à côté de moi. Mais ce n’est pas moi qui le demande, c’est lui qui se pose. A la fin du cours, quand il sent que cela se termine, il refait son petit tour et se positionne quasiment devant la porte et les élèves qui le souhaitent peuvent le caresser avant de partir.
F. E. : Ils étaient déjà au courant que le chien allait venir et dans quel cadre, puisque Nestea a officiellement débuté en mai 2020. Certains élèves étaient vraiment « gagas » du chien mais environ un cinquième des étudiants appréhendaient un petit peu au départ pour des raisons très variées. Ils n’envisageaient pas de nouer une relation particulière avec le chien. Il fallait donc faire attention à ce que Nestea n’aille pas trop vers eux en classe. Mais pour l’ensemble du lycée, cela ne changeait pas grand-chose, le chien faisait partie de l’environnement.
F. E. : Certains oui. En fait, ils ont été un peu « obligés », des fois, de travailler avec le chien. En temps normal, on travaille avec HANDI’CHIENS pour des projets validés et diplômants pour les élèves. Cette année par exemple on avait des médiations animales à mettre en place dans des structures, écoles, avec un public spécialisé et des élèves en difficultés. Nos étudiants n’ont pas pu réaliser cette animation en raison de la crise sanitaire mais ils ont dû quand même présenter ce qu’ils comptaient faire avec le chien. Une jeune fille avait justement des appréhensions vis-à-vis du chien, notamment pour des raisons religieuses, mais elle a finalement pu faire l’animation sans aucun problème.
F. E. : Là où on l’utilise le plus souvent, c’est lors des Travaux Pratiques (TP). On adapte ces séances afin que le chien y joue un rôle, afin de le mettre en situation. Dans les séances de cours classiques aussi, par exemple quand je demande à mes élèves de calculer un budget familial, je leur demande de prendre en compte la part du chien. Il y a aussi les séances de sport évidemment. Que ce soit en endurance où Nestea va courir avec les élèves qui ont du mal à terminer leur tour afin de les motiver. Ou bien en renforcement musculaire où, lors des exercices de gainage, il rampe sous le ventre des élèves afin qu’ils tiennent plus longtemps ! C’est une commande qu’on lui a apprise.
F. E. : Cela dépend des professeurs référents car on a des fois davantage certaines classes que d’autres. Par exemple il y a certaines classes que je ne vois qu’une heure par semaine et d’autres quatre ou cinq heures. Et souvent ce sont plutôt les CAP qui ont le chien. Mais tous les élèves du lycée ont au moins un cours avec Nestea.
F. E. : Oui, car il y a une véritable utilité du chien par rapport aux élèves vraiment en difficulté. Certaines personnes aimeraient pouvoir compter sur lui, aimeraient recevoir la même formation que nous, mais cette année a été un peu compliquée. On s’est concentré surtout sur l’équipe éducative mais on aimerait aussi mettre en place des ponts avec tout le monde car les CPE, les aides éducatives et les assistantes d’éducation sont très intéressées aussi.
F. E. : Je leur dis que c’est le chien d’assistance à la réussite scolaire pour les élèves et qu’il ne sera pas forcément présent dans toutes les séances de cours, que seuls certains professeurs sont habilités à l’avoir avec eux. Et si un élève a besoin du chien, il faut qu’il soit accompagné d’une personne qui est référente auprès de Nestea. On demande aussi aux élèves quel est leur ressenti vis-à-vis du chien afin qu’il n’aille pas trop souvent vers eux en classe s’ils ne se sentent pas à l’aise. Il ne faut surtout pas mettre en difficulté un élève.
F. E. : Son rôle est de pouvoir s’assurer que le chien est en sécurité au sein de la classe, lui aménager des temps de repos car il est quand même entre trois et quatre heures par jour en salle. Il faut le sortir à toutes les pauses pour qu’il puisse se détendre un peu, faire ses besoins. Et le soir, il doit pouvoir avoir un vrai temps de repos à la maison chez le référent. Il faut également déminer les éventuelles difficultés entre un élève et lui. Je vais vous donner un exemple : la première fois que j’entrais en cours avec Nestea, une élève a ouvert la porte en même temps que nous mais de l’autre côté et a poussé un cri de surprise en voyant le chien, ce qui l’a fait aboyer. Pendant quelques temps, l’élève et le chien ne savaient pas trop quoi penser l’un de l’autre, ils avaient un peu peur. J’ai réuni Nestea et cette élève et on a recréé des liens avec des caresses, des croquettes, afin que Nestea comprenne que cette élève ne lui voulait pas de mal. C’est notre rôle, en tant que référent, de résoudre ce type d’incompréhensions.
F. E. : On a deux principaux référents. Toute la semaine il est chez l’un ou chez l’autre. Et ponctuellement il peut aller chez un référent secondaire quand il y a un souci d’emploi du temps pour un week-end, des vacances, ou quelque chose comme ça.
F. E. : Je l’ai plus de la moitié du temps oui. Le seul souci est que Nestea n’aime pas trop la voiture. Mais plus ça va et plus il s’habitue. Au début, je n’arrivais même pas à le monter dans ma voiture, il fallait attendre une bonne demi-heure avant qu’il ne se décide ! Mais maintenant c’est bon, même si c’est toujours un peu difficile si on doit l’emmener quelque part dans un véhicule qu’il ne connaît pas.
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