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Portrait de Lisa : famille d’accueil et ergothérapeute.
"Ce qui me plaisait à HANDI'CHIENS, outre les chiens, c’était de pouvoir aider des personnes en situation de handicap à retrouver de l’autonomie."
Je m’appelle Lisa, j’ai 23 ans et j’habite à Gennes-Val de Loire avec mon compagnon. Je suis ergothérapeute sur 3 EHPAD dans le Maine et Loire. Je suis bretonne de cœur, j’ai grandi en Bretagne, non loin du centre HANDI’CHIENS, mais j’ai dû déménager récemment pour le travail.
J’adore les animaux et quand j’étais petite, je voulais devenir éducateur canin à HANDI’CHIENS. Ce qui me plaisait à l’association, outre les chiens, c’était de pouvoir aider des personnes en situation de handicap à retrouver de l’autonomie. J’ai alors découvert que c’était la définition du métier d’ergothérapeute, et j’ai sauté sur l’occasion. J’ai pu découvrir ce magnifique métier qui me permet chaque jour de faciliter le quotidien de personnes en situation de handicap. Je m’épanouis totalement dans mon travail et de pouvoir le coupler avec la présence d’un chien est pour moi un rêve qui se réalise.
J’ai connu l’association en 2003 à 6 ans, lors de portes ouvertes à l’occasion de l’ouverture du centre HANDI’CHIENS Bretagne qui était proche de chez mes parents. Et depuis, cette association est entrée dans mon cœur et je ne cesse de faire tout ce que je peux pour les aider et pour la faire découvrir aux autres.
Ma mère m’y avait emmenée pour me faire plaisir. Elle ne savait pas à quel point cette rencontre allait changer ma vie. A mon âge, je ne pouvais pas me rendre au centre quand je le voulais ni avoir de grandes responsabilités. J’ai attendu mes 14 ans pour revenir à la charge. En classe de 3ème, on avait l’occasion d’effectuer un stage d’observation d’une semaine dans l’entreprise de notre choix. N’ayant jamais oublié HANDI’CHIENS et mon idée de devenir éducateur canin émergeant, j’ai fais ma demande de stage au centre de Bretagne. Malheureusement, la semaine de stage tombait la semaine où le centre était fermé après une cession de remise et avant l’arrivée de la nouvelle promotion de chiens. J’étais donc très déçue mais je n’ai pas abandonné pour autant. Voyant ma motivation et mon implication, ils m’ont permis de venir tous les mercredi après-midi pour toiletter les chiens. En 2nde, on nous a proposé un stage d’un mois et je me suis adressée à HANDI’CHIENS. La période tombait très bien car elle se finissait par le stage de passation des bénéficiaires. J’ai donc pu finir mon stage en apothéose car ce moment a été riche d’apprentissage pour moi professionnellement et humainement parlant. Je me souviens d’ailleurs que l’un de mes maîtres de stage à l’époque était Antoine, éducateur canin. Il est aujourd’hui le délégué de mon groupe famille d’accueil. Il m’a vu grandir et a suivi mon parcours tout ce temps et je suis contente de le retrouver pour partager cette nouvelle aventure avec lui.
Plus tard dans mes études, j’ai réalisé mon mémoire d’initiation à la recherche sur l’intérêt d’un chien d’assistance dans le quotidien d’une personne à mobilité réduite. Mon mémoire a d’ailleurs reçu le prix Marie-Claude Lebret 2019.
Depuis mes 10 ans, âge auquel j’ai compris que les familles d’accueil existaient et ce qu’elles faisaient, j’ai voulu faire partie de l’aventure. Comme je l’ai dit précédemment, j’adore les animaux. Nous avions un chat à la maison et j’avais très envie d’un chien ce que mes parents refusaient car cela demandait trop de temps et d’investissement. Je pensais qu’avoir un chien temporairement serait alors un bon compromis mais mes parents n’étaient pas de cet avis. J’ai donc patienté car je savais que le jour où j’aurai la possibilité de le faire, je deviendrai famille d’accueil. Et avec les années les raisons qui m’ont poussée à me lancer dans l’expérience se sont rajoutées à l’envie d’avoir un chien chez moi, à l’envie d’aider HANDI’CHIENS, de faire quelque chose de bien pour la société. La volonté de permettre à quelqu’un qui en a besoin d’avoir un chien d’exception, de contribuer à la formation d’un incroyable duo, de pouvoir se dire que j’ai aidé à changer en bien la vie de quelqu’un. Comme si le jour où le bénéficiaire racontera son histoire avec son chien et à quel point ils sont heureux je pourrais me dire « J’y étais », « C’est en partie grâce à moi et j’en suis fière ». Car rendre quelqu’un heureux c’est la plus belle des choses. Et c’est dans cette optique que je me bats chaque jour pour faire de ma chienne une super héroïne : pour qu’elle puisse changer la vie de quelqu’un et le rendre heureux. Ma mission sera accomplie et j’en serai fière. Si je devais rajouter quelque chose, je dirais que faciliter le quotidien des personnes en situation de handicap devient presque viscéral pour moi de part mon métier. Je le fais quotidiennement alors pourquoi ne pas le faire autrement, en éduquant un chien qui apportera de l’autonomie à son bénéficiaire.
À mes 18 ans étant majeure et permis en poche, je me suis dis que j’étais libre de mes choix, indépendante et que je pouvais donc devenir famille d’accueil. Etudiante, les cours n’étaient pour moi pas un obstacle à ce projet à un détail près : les stages. Etant dans une formation paramédicale, je devais effectuer plusieurs stages lors de ma formation et ils pouvaient se dérouler dans divers lieux dont des établissements sanitaires. Connaissant l’association depuis longtemps, je savais que l’accès aux lieux publics était un problème pour nombre de bénéficiaires, et que la particularité des milieux hospitaliers l’était encore plus. J’ai donc préféré attendre d’être diplômée pour mettre enfin en place mon projet de devenir famille d’accueil.
En septembre 2019, fraîchement embauchée dans une association qui fait de l’aménagement de domicile, j’ai comme chaque année participé aux portes ouvertes du centre HANDI’CHIENS Bretagne. J’ai discuté de mon envie de devenir famille d’accueil avec les éducateurs qui m’ont répondu qu’il y avait un groupe qui commençait en janvier, que les sélections allaient se faire entre octobre et décembre et que pour s’inscrire c’était le moment. Prise au dépourvu tout est allé très vite dans ma tête. J’avais enfin la possibilité de concrétiser le projet que j’attendais depuis tant d’années. Mon envie et ma détermination étant plus grandes que jamais, j’ai préparé un argumentaire écrit pour montrer l’intérêt du projet et je suis allée voir mon directeur. A peine ma demande énoncée, mon directeur a accepté sans même le lire… Me voilà alors avec tous les feux au vert pour pouvoir enfin devenir famille d’accueil, alors que l’aventure commence !
Le groupe a commencé en début janvier 2020 avec les premiers cours théoriques sans les chiots pour pouvoir apprendre à s’occuper d’un chien, comprendre comment il réfléchit, comment nous devons agir par rapport à la philosophie HANDI’CHIENS,… tout ce qu’il faut savoir pour l’accueillir dans les meilleures conditions. Nous ne pouvons pas faire ce que nous voulons avec eux mais que tout ce qui nous est demandé de faire est dans l’intérêt du chien et de sa future mission.
Les chiots sont arrivés avec un peu de retard, à cause du confinement. Nous n’avons pu les accueillir chez nous qu’à la mi-mai 2020. Cela fait donc 10 mois que je partage ma vie avec Rainette, petite boule de poils en pleine croissance.
C’est la première fois que je suis famille d’accueil. Entre 2016 et 2019 cependant, j’ai été famille d’accueil week-end. Une mission bénévole qui me permettait de participer à l’aventure et de poursuivre mes études.
Dès lors que j’ai eu l’information qu’un groupe allait commencer dans mon secteur géographique et après avoir demandé l’autorisation à mon employeur d’amener un chien sur mon lieu de travail, j’ai rempli un dossier de demande pour devenir famille d’accueil. Ce dossier avait pour but de recueillir des informations sur moi, mon mode de vie, mais aussi et surtout sur mes intentions et ma motivation. Ce dossier permet au délégué du groupe de choisir les personnes motivées pour ce projet qui ont des modes de vie correspondants à l’éducation d’un chien d’assistance. Il peut ainsi créer un groupe qui permettra aux chiens d’évoluer dans des environnements variés (notamment grâce aux rotations).
J’ai envoyé mon dossier en octobre puis j’ai eu la visite du délégué en novembre. En décembre, ma demande a été acceptée et le groupe a officiellement commencé en janvier.
Le délégué du groupe, un éducateur canin HANDI’CHIENS, vient rendre visite aux personnes ayant envoyé leur dossier pour faire le point et se faire un avis pour sa prise de décision. Ce rendez-vous est l’occasion pour le délégué de voir concrètement le milieu de vie de la potentielle future famille d’accueil et il s’effectue à son domicile. Il pourra ainsi trouver un profil de chiot adapté au lieu de vie et à la famille d’accueil. Le délégué fait aussi la présentation de l’association et du rôle précis d’une famille d’accueil pour s’assurer que la personne connaît la mission pour laquelle s’engage.
Depuis que Rainette m’accompagne, je l’emmène partout avec moi. Au début on limite un peu car le futur chien d’assistance est jeune et sensible. Pour ne pas le sursolliciter ni l’effrayer, on y va progressivement (petits magasins puis après hypermarchés). Au travail, il vient d’abord une demie journée puis au fur et à mesure, je peux l’emmener une journée complète. Même si ce sont des chiens amenés à nous accompagner où que nous allions, ils doivent aussi être en capacité de rester seuls par moment (pas plus de 4h par jour). Je l’emmène désormais au travail avec moi. Rainette m’accompagne aussi en vacances, si je suis invitée chez ma famille ou chez des amis, partout où je suis autorisée à l’emmener.
La mission principale d’une famille d’accueil est d’éduquer et de sociabiliser le chiot. Il faut donc lui montrer différents lieux, différentes situations, des objets, des personnes et d’autres animaux. Nous l’emmenons donc en voiture, en train, en métro, voir la ville, la campagne, les supermarchés, les magasins de vêtements, les boulangeries, les banques, les restaurants, les cinémas… tous les endroits où il est susceptible de se rendre dans sa vie future.
Il faut aussi savoir gérer les interactions avec les gens. Notamment lorsque vous êtes en train de perfectionner l’ apprentissage du chiot et que l’on vient vous voir pour vous poser des questions ou pour le caresser. Ce n’est pas un exercice si facile en réalité.
Etre famille d’accueil, c’est être ambassadeur de l’image d’HANDI’CHIENS et pouvoir présenter aux gens l’association et vos missions. Les questions sur l’âge du chiot, son nom… sont nombreuses et deviennent votre quotidien autant que les compliments sur votre mission et sur le chien. Beaucoup de gens sont encore surpris de croiser le chemin d’un chien dans un lieu public. Mais une fois passé l’étonnement, vous serez vite amusé des enfants et de leurs yeux ébahis. Il en ressort globalement que des gens bienveillants qui nous félicitent et sont admiratifs.
J’ai eu la chance de trouver des employeurs ouverts d’esprit pour me permettre d’exercer mon métier accompagnée de Rainette. Et c’est que du bonheur ! C’est déjà prouvé que la présence d’un chien en EHPAD a des bienfaits. L’association remet d’ailleurs des chiens d’accompagnement social. Rainette par sa simple présence fait des miracles. Elle n’a pas encore appris toutes les commandes mais le simple fait qu’elle soit là suffit à certains. Elle m’a aidée à m’intégrer facilement et rapidement autant auprès des résidents que de mes collègues. Je suis vite devenue « l’ergo sympa avec son chien ». Les résidents sont contents que je vienne leur rendre visite avec Rainette et quand il fait beau ils la promènent avec moi dans le parc. C’est une belle occasion pour échanger et partager des choses, passer un bon moment et faire travailler des objectifs thérapeutiques. Le plus marquant dans les bienfaits du chien, c’est lorsque l’on m’avait appelée pour intervenir à l’accueil de jour. Un monsieur s’est mis à me parler de Rainette qui était à mes côtés. Quand j’ai vu les yeux médusés de mes collègues, j’ai compris. Elles m’ont confirmé que ce monsieur restait toujours en retrait et s’exprimait très peu. Elles étaient donc surprises de ce revirement de comportement et ça grâce à la simple vue de Rainette. J’ai également eu l’occasion de désamorcer des situations conflictuelles grâce à elle. Une résidente dont la chambre est à l’étage ne voulait pas descendre manger dans la salle à manger commune. Plusieurs soignantes ont essayé de la convaincre et de l’accompagner sans succès. Je suis allée la voir avec Rainette en lui proposant qu’elle l’accompagne prendre son repas et la dame a tout de suite accepté. Le temps d’un instant les résidents oublient leurs soucis et leurs douleurs.
Pouvoir la faire évoluer dans un milieu comme celui-là est un bon apprentissage car elle évolue au milieu des fauteuils roulants, des déambulateurs, des cannes, des personnes en blouse blanche, des personnes qui vont la caresser avec peu de mobilité etc. Des éléments qu’elle connaîtra à l’avenir et avec lesquels elle sera à l’aise. Toutes les familles d’accueil ne travaillent pas dans le domaine médical ou paramédical … qui sait peut être que son bénéficiaire aura un travail semblable à sa famille d’accueil !
Je me suis préparée mentalement depuis le début à devoir la laisser partir. Ça fait partie de l’expérience, c’est inévitable. Forcément, on s’attache et la maison sera bien vide sans sa présence. Elle rythme mes journées : il faut la sortir, la nourrir, elle m’accompagne au travail, partout. Je vais me sentir bien seule au début mais j’essaye de voir le côté positif des choses. Je pense que les 6 mois d’école avant la remise officielle vont être longs. On va se poser plein de questions, est-ce qu’elle va bien ? Est-ce qu’elle apprend bien ? Est-ce qu’elle va trouver un binôme qui lui correspond ? Mais je suis sûre que le jour de la remise, quand je verrai le sourire de son bénéficiaire et la complicité naissante entre eux, tous mes doutes et mes inquiétudes s’envoleront car je saurai alors qu’elle accompagnera la bonne personne et qu’ils seront heureux ensemble. Et j’attends ce moment avec impatience.
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