Qu’entend-on par « éducation positive » ?

Depuis plus d’une dizaine d’années, HANDI’CHIENS a fait évoluer ses méthodes de formation afin de pratiquer une éducation dite « positive ». Un chantier immense qui a conduit les différents acteurs de l’association, surtout du côté de la formation, à revoir totalement leur façon de penser et, donc, de procéder.

© Frédéric Coignot

« Si on observe comment l’homme, historiquement, a éduqué le chien, cela a toujours été fait de façon empirique. » Quand on discute avec Maryse Peytavin de l’éducation positive pratiquée depuis plusieurs années au sein de notre association, la directrice technique de HANDI’CHIENS tient à immédiatement poser quelques bases. « En évoluant, les connaissances scientifiques ont également fait évoluer HANDI’CHIENS dans sa méthode éducative, précise-t-elle. Celle-ci est basée sur les lois universelles de l’apprentissage, on n’a rien inventé. »

HANDI’CHIENS s’est toujours appuyé sur les progrès effectués par la recherche scientifique. Et lorsque les éducateurs, après une prise de conscience progressive, se sont aperçus que le chien pouvait être regardé et analysé différemment, il y a eu alors une volonté d’observer, ailleurs dans le monde, la façon dont les chiens d’assistance peuvent être éduqués. « On n’avait pas la notion de stress chez le chien auparavant, témoigne Maryse Peytavin. Quand lors d’un exercice de marche le chien tirait sur sa laisse, on avait le réflexe de donner un grand coup de collier ou de laisse. C’était la douleur, le désagrément qui faisait obéir le chien. Il ne voulait plus avoir mal donc il restait tranquille. »

© Frédéric Coignot

Changer notre façon d’analyser le chien…

Avec l’éducation positive, on fait l’inverse. Dans cet exemple, on récompense le chien chaque fois qu’il se tient proche de la jambe, le but étant qu’il identifie cette « bonne conduite » (celle recherchée par les éducateurs) comme étant une source de plaisir. De lui-même, il va chercher à reproduire tous les comportements apportant une récompense, et y trouvera toujours de la satisfaction. Cette mécanique étant du coup associée à l’exercice, l’exercice en lui-même deviendra une source de plaisir. « Cette nouvelle approche positive et non coercitive consiste à optimiser le relationnel homme-chien qui est basé, non pas sur le stress ou la peur de recevoir une sanction, mais sur la coopération spontanée du chien », analyse Maryse Peytavin.

© Frédéric Coignot

« Cela sous-entend qu’il faut changer notre schéma mental d’analyse du chien. Mais aussi nos réflexes dans notre conduite vis-à-vis du chien. » La transition a représenté un sacré défi, surtout au début. « Il y a eu un flottement pendant, je dirais, deux, trois années. Beaucoup de personnes ont compris que l’éducation positive, c’était laisser le chien faire un peu ce qu’il veut. Avant de se dire ‘mince, on se plante, l’éducation positive ce n’est pas ça’. » Les anciens délégués famille d’accueil ont également été un peu déstabilisés. La méthode était bien sûr plébiscitée mais fallait-il encore saisir la bonne façon de procéder. « La complexité est là : il faut vraiment changer tout son schéma d’approche du chien », appuie Maryse Peytavin.

Il faut donc apprendre à savoir quand et comment récompenser l’animal, et ne pas punir le chien mais bien punir un mauvais comportement. « On ne peut pas éduquer un chien sans faire disparaître les mauvais comportements, relève notre directrice technique. Il faut faire comprendre au chien qu’on ne veut plus voir apparaître certaines attitudes. Donc il faut mettre un cadre au chien, un contrôle, et apprendre à savoir comment le faire dans cette approche non coercitive. »

… et respecter ses phases de développement

En pratique, cela suppose aussi de jouer sur la valeur de la récompense : « les croquettes, dans la tête du chien, ce n’est pas la même chose qu’un morceau de saucisse ou de fromage par exemple. En fonction du chien, il faut savoir ce qu’il préfère. » La récompense n’est pas forcément alimentaire, elle peut prendre la forme d’un jeu, d’une promenade… Et elle peut être donnée au cours d’un exercice ou n’importe quand dans la journée, pourvu bien sûr que ce soit au bon moment. En récompensant le comportement que produit spontanément le chien (si c’est celui qu’on recherche), ce dernier va naturellement accentuer ce type de comportement.

Pour un éducateur, l’un des prérequis d’une bonne formation du chien est de s’adapter à la personnalité de l’animal dont il a la charge. Et bien entendu de respecter les quatre phases de développement du chien. « La période de socialisation, de la 8e à la 14e semaine. La phase juvénile, jusqu’à 7, 8 mois. Puis la période de puberté, jusqu’à 12, 14 mois. Et enfin l’âge adulte », rappelle Maryse Peytavin. Pendant ces différentes phases, il y a des « points de vigilance à respecter ».

© Frédéric Coignot

« Cela ne nous viendrait pas à l’idée de faire faire à un enfant de deux ans une dissertation de philosophie. Cet exemple peut faire sourire, mais parfois on demande à un chiot de quatre mois de faire des choses pour lesquelles il n’a pas la maturité suffisante. Que ce soit pour agir, comprendre ou ‘encaisser’, développe-t-elle. On demande parfois beaucoup trop à un chiot sans s’en rendre compte. Respecter ces phases de développement, cela veut dire aller au rythme du chien en fonction de son tempérament, son âge, sa maturité, sa sensibilité… » Le but : respecter la chronologie de l’apprentissage et ne pas aller trop vite dans ce qu’on fait travailler au chien et ce qu’on attend naturellement de lui.

Je me lance !