« Un super-héros nommé Lasso »

Lasso est issu de la première promotion de chiens pour personne épileptique et a été remis en février 2018 à Carole, habitante d’Ouzouer-sur-Loire (Loiret). Ce labrador à la robe noire est un soutien primordial pour elle, même si Carole est sujette à une très grande quantité de crises (plusieurs fois par jour). Adepte du « dépassement de fonction », Lasso a prouvé plus d’une fois à sa bénéficiaire qu’il avait beaucoup de cordes à son arc.

© Frédéric Coignot

Carole n’en avait alors aucune idée. Quand elle a déposé un dossier auprès de notre association pour demander un chien d’assistance pour personne épileptique, elle ne se doutait pas qu’elle allait marquer l’histoire de HANDI’CHIENS en devenant l’une des trois premières personnes en France à bénéficier d’un chien d’assistance de ce type. « On ne savait pas que c’était la toute première promotion ». Diagnostiquée épileptique dès l’âge de 9 mois, et malgré des crises quotidiennes, Carole a toujours refusé de « se considérer comme étant handicapée ». Elle développe : « J’ai toujours fait un maximum comme tout le monde. Je faisais du sport comme tout le monde et tout. Ce que Lasso m’a apporté, c’est peut-être un peu ridicule ce que je vais dire, mais c’est de me sentir plus complète. En fait Lasso, c’est une partie de moi. »

A l’origine : un déménagement. Avec son compagnon Rory, elle quitte la Lorraine pour le Loiret. « Était-ce dû à l’anxiété de m’éloigner de mes parents, dont je suis très proche ? Toujours est-il que mes malaises se sont accentués, aggravés », explique-t-elle. Son conjoint, en partance pour une formation de huit mois loin du Loiret, s’inquiète de laisser Carole seule dans leur nouvelle maison à Ouzouer-sur-Loire. Cette dernière décide de retourner temporairement chez ses parents. L’une de ses cousines lui conseille alors de se renseigner sur HANDI’CHIENS et c’est ainsi que Carole franchit le pas. En février 2018, près d’un an plus tard, Lasso arrive.

© Frédéric Coignot

Formé et… formateur

Ce jeune labrador mâle fait aussi la connaissance de Pitchoune, une petite chienne au fort caractère de cinq ans son aînée, « croisée avec du pinscher je pense, ou peut-être du teckel, avance Carole. Probablement du pinscher pour son côté « tarée » ! » Encore aujourd’hui la cohabitation n’est parfois pas toujours facile entre les deux. « Mais il s’est habitué, puis quand elle est chiante, eh bien il s’en fiche, il s’en va et ne fait pas attention à elle », décrit sa bénéficiaire. C’est surtout Pitchoune qui a appris des choses au contact de Lasso. « Depuis qu’il est là, elle m’a déjà détectée quelques malaises. Pas comme Lasso bien sûr, mais elle l’a tellement regardé faire qu’elle a sûrement assimilé le dégagement d’odeur aux crises. » Rappelons que l’épilepsie est associée à une certaine molécule à l’odeur spécifique, que les chiens peuvent détecter en amont du malaise. Une fois formés par HANDI’CHIENS, ils peuvent donc avertir leur bénéficiaire de l’imminence d’une crise, parfois jusqu’à 15 minutes avant.

Lasso, comme les autres chiens d’alerte pour personne épileptique, « poke » Carole. Pitchoune n’a reçu aucune formation mais a trouvé sa propre méthode : « elle me fixe puis me donne un coup de patte, décrit Carole. L’autre fois je m’étais mis par terre pour ne pas faire de mauvaise chute, et elle m’a collé. Et maintenant quand elle voit que je ne suis pas bien, elle me colle. » Avec son compagnon Rory, ils ont d’abord cru, les premières fois, qu’elle manifestait un désir de croquettes ou de friandises. Ils ont fini par se rendre à l’évidence à mesure qu’ils ont fait le rapprochement chaque fois que Lasso et Pitchoune adoptaient le même comportement avant une crise. « Ils ont le regard fixe tous les deux, c’est tellement intense, confie-t-elle. Et l’autre jour j’ai eu un malaise sur mon lit et Pitchoune a sauté sur le lit pour se coller à moi. Alors qu’avant elle avait peur, quand elle me voyait avoir une crise elle partait en courant ! »

Chien « éponge »

© Frédéric Coignot

Même si pour Carole « c’est un truc de fou », elle n’est toutefois pas si surprise que cela tant son labrador noir est constamment dans l’empathie. Notre bénéficiaire ne manque pas d’anecdotes pour souligner le côté un peu « éponge » de son chien. Que ce soit lors d’une journée inoubliable à la plage où il a « scotché » une petite fille handicapée, ou simplement à la maison lorsque le fils d’un invité a été pris d’un gros chagrin. « Le petit garçon était contrarié et il s’est mis à pleurer, explique-t-elle. Lasso a commencé à le coller ! »

A la manière de nos chiens d’assistance judiciaire, Lasso analyse très rapidement l’état moral et la tristesse des gens qui l’entourent et de ceux qu’il croise même seulement un instant. Que de cordes à son arc ! Chien d’alerte pour personne épileptique au quotidien, un peu chien d’assistance judiciaire aussi donc mais également éducateur HANDI’CHIENS quand il forme Pitchoune… Il ne manquerait plus que chien guide, mais là encore Carole a une anecdote en tête : « on était dans un marché en vacances, on faisait un tour et j’avais pris un cachet qui me floutait la vue. Je disais à Rory ‘mais il ne marche pas droit le chien !’, et il m’a répondu ‘non, non, il te fraie un passage entre les gens, c’est toi qui ne marche pas droit’… »

Plus de trois ans après son arrivée, Lasso s’est rendu indispensable. Imaginez donc à quel point cela a été dur pour Carole quand, en décembre dernier, son « Sosso » a dû rester près de deux semaines chez le vétérinaire après une opération périlleuse visant à lui extraire des tumeurs au niveau de la colonne vertébrale. « Cela a été un problème très, très grave, j’ai eu la peur de ma vie. Je ne vivais plus, souffle-t-elle. Mes parents sont venus à la maison parce que je me sentais clairement très mal, et Rory ne se sentait vraiment pas bien non plus. » L’intervention salvatrice de l’excellent et renommé Docteur Valat (« je ne le remercierai jamais assez, il a sauvé mon chien ») a permis à Lasso de rentrer chez lui et de poursuivre sa mission. Il a quand même fallu lui réapprendre à faire ses besoins seuls et Lasso « a des faiblesses de temps en temps dans la patte, cela se voit quand il marche ». Carole retient l’essentiel : « il est entier, c’est le principal, et là il pète le feu. Tant qu’il va bien, pour moi tout va bien aussi. »

Je me lance !