Cawa et Gavotte : les deux super-héros de la vie de Nelly.

"Avec Cawa, nous nous sommes dit adieu en 2013. Je ne me doutais pas que quelques mois plus tôt, j’avais rencontré sans le vouloir celle qui allait devenir ma deuxième compagne de vie, Gavotte."

Nelly et Gavotte

Cawa, chien d'assistance : l'espoir de Nelly

Je m’appelle Nelly, j’ai 35 ans et je suis atteinte d’un handicap moteur évolutif. Avec mon mari, nous vivons en Auvergne. Dans la vie je suis bénévole pour diverses associations dont HANDI’CHIENS évidemment.

Je connais HANDI’CHIENS depuis longtemps déjà. Dans les années 90, Jim a été un des premiers chiens remis et il vivait dans mon quartier d’enfance auprès d’une de mes amis. À l’époque déjà, je rêvais d’avoir un chien auprès de moi, pas nécessairement un chien d’assistance. Quand j’ai découvert tout ce que cela apporte, ça a été une évidence pour moi : un jour un de ces super-héros ferait partie de ma vie.

Après cette première rencontre avec Jim, les années se sont écoulées. Mes parents ne voulait pas entendre parler d’un chien alors j’ai conservé ce projet dans ma tête, je l’ai même un peu oublié. Puis doucement la vingtaine est arrivée avec la vie étudiante partagée avec d’autres étudiants. L’un d’eux m’a un jour fait part de son projet d’avoir un chien d’assistance. A cet instant précis sont remontés tous mes souvenirs, avec cette envie irrépressible de partager ma vie avec un super-chien. Mais avant cela, la vie ayant suivie son cours, je devais expliquer mon projet à l’homme de ma vie pour qu’il soit également partie prenante, sans quoi ce projet n’aboutirait pas. Avec chance, il m’accompagne depuis dans toutes mes démarches et ce depuis 2009. Cette même année, j’ai fait ma demande de dossier que j’ai déposé auprès du centre de Lyon. Les semaines paraissent infiniment longues mais c’est finalement au bout d’ à peine deux mois que la directrice m’a appelée pour fixer un entretien. A l’approche de ce rendez-vous, j’avais en tête des millions de questions. Le soir même, un message sur mon répondeur a tout fait basculer : « Nous avons pris la décision avec l’équipe. Vous êtes retenus pour le stage d’octobre 2009 ». Toute ma famille m’a entendue hurler, crier, pleurer de joie et est descendu en se demandant ce qui se passait : « Je vais avoir un chien d’assistance »

C’est là que commence la période la plus compliquée : celle de la véritable attente. Celle où l’on en parle tous les jours à en saouler notre entourage, où on fait toutes les recherches possibles sur le net, où on lit tous les témoignages, les blogs des famille d’accueil

Octobre 2009 : une date qui marque un nouveau départ

18 octobre 2009

C’est le départ pour une nouvelle vie

On est accueilli par une équipe qu’on découvrira plus tard comme une grande famille avec beaucoup d’empathie et d’écoute. Puis le 19 octobre, on nous présente les premiers chiens. S’ensuivent trois jours pendant lesquels nous donnons les appréciations sur chacun d’entre eux.  Vient l’évidence : celui-là n’a pas besoin d’appréciation. C’est le numéro 1, un labrador sable, un « petit café au poil », Cawa. Il ne m’a pas fallu plus de quelques secondes pour l’aimer. Mais va-t-on me le remettre? 

21 octobre au matin

C’est aujourd’hui que l’on va savoir quel chien va nous accompagner pour des années de vie. Les 13 chiens arrivent dans la salle avec leur belle cape toute propre! Je scrute l’horizon pour voir si je retrouve sa bouille d’amour mais au milieu de tous je suis complètement perdue. On me tend soudain cette laisse bleue et jaune. Puis arrive mon « petit café au poil ».

31 octobre

Nous rentrons à la maison à trois. La vie a définitivement changé. Le regard des gens n’est plus le même dans la rue, je n’ai plus peur d’être dehors, j’y passe même des heures et sans avoir besoin d’être rassurée au téléphone. Je n’ai plus d’angoisses quand je suis seule à la maison car je sais que mon loulou est là pour m’aider et pour des moments câlins.

Malgré ses côtés parfaits, mon petit compagnon a aussi un  côté cabochon où les libertés sont plus restreintes et où je dois être accompagnée. Cela fait partie de lui maintenant, de sa mission

10 décembre 2013

Quatre ans et demi de vie ce sont doucement écoulées. Je me suis mariée et mon superhéros n’a pas été que porteur d’autonomie. Il a aussi été source de bonheur et a contribué au notre à cette occasion également en portant nos alliances. Il a vieilli et sa santé ne lui permet plus de m’accompagner dans de bonnes conditions ni moi de le sécuriser.  Il est désormais temps de se dire au revoir et qu’il parte à la retraite pour son bien-être. 

Une "rencontre" pas si anodine avec Gavotte

Je décide de ne pas perdre de temps et de faire ma demande de renouvellement, accompagnée des éducateurs toujours présents. Je ne me doutais pas que quelques mois plus tôt, j’avais rencontré sans le vouloir celle qui allait devenir ma deuxième compagne de vie, Gavotte. 

Retour en arrière

À partir de ce 31 octobre 2009, j’ai su que je voulais être active pour l’association de toutes les manières possibles. On venait de me faire le plus beau cadeau de ma vie : celui de la liberté, de l’autonomie, de la sérénité

Dès lors que l’on a un chien d’assistance, on nous pose des questions sur ce chien qui porte une sacoche bleue et jaune. Certaines personnes m’ont dit se souvenir « du chien de l’Anecah qui était à Saint-Gervais quelques années auparavant ». Plusieurs d’entre elles m’ont demandé s’il était possible de devenir famille d’accueil dans la région. À l’époque, il n’y avait plus de groupes famille d’accueil dans notre secteur… J’ai eu envie de contribuer à la renaissance de ce groupe et me suis adressée à l’association. Par chance, la directrice du centre de Lyon et un éducateur m’ont donné l’opportunité de trouver un lieu où seraient dispensés les cours ainsi que les familles d’accueil qui seraient intéressées. Comme au même moment, une autre famille venait de recevoir un chien d’éveil dans le secteur, nous avons décidé de lancer un appel dans la presse locale. Il n’a pas fallu longtemps pour que l’on nous propose une salle pour faire les cours et que les candidatures de famille d’accueil affluent. 

2 septembre 2011

Quatre petits chiots sont arrivés : c’est la naissance de la délégation auvergnate.

Avril 2013

C’est la rentrée « à la grande école » de la première promo auvergnate qui sera aussi celle de Gavotte. J’accompagnais alors les familles comme je le fais depuis le début de l’aventure. Pour garder un souvenir de ce moment, j’’essaye furtivement d’attraper une photo de chacun de nos loulous au moment où ils passent le portail. C’est sans le savoir, que j’ai d’ailleurs immortalisée l’entrée de ma future chienne d’assistance, Gavotte ainsi que sa famille d’accueil.  Certaines d’entre elles comme Marie, étaient très inquiètes à l’idée de laisser leur boule de poils chérie depuis 18 mois. Elle espérait que le bénéficiaire de son super-héros soit quelqu’un comme moi et que son chien serait aussi  heureux que le mien avait l’air de l’être. Cela m’avait beaucoup touchée parce que les chiens du groupe passent avant tout même parfois avant soi-même pour leur bien-être.

10 décembre 2013

J’ai laissé mon « petit café au poil » aux éducateurs pour qu’ils lui trouvent une nouvelle maison (qui serait sa famille d’accueil d’origine). La maison est vide, plus un bruit de patte…

Même si j’ai conscience que cette séparation est nécessaire pour nous deux, ce sont mes larmes qui ont remplacé mes moments de joie… Il me faudra plusieurs semaines pour me projeter dans l’arrivée d’un ou d’une future compagne de route. Puis arrivera ce coup de téléphone de fin janvier 2014….

L'arrivée de Gavotte dans sa vie

Cette voix douce et rassurante, je la connais bien. C’est Cynthia qui me téléphone pour me demander si je suis prête pour un renouvellement et qui m’annonce qu’ils ont deux golden à me présenter. Le rendez-vous est fixé pour le 3 février au centre à 9h. Je repense instantanément à cette petite golden rencontrée quelques mois plus tôt en me disant « pourvu que Gavotte fasse partie de ces deux golden ».

Je n’ai eu à patienter que 15 jours mais j’ai finalement eu l’impression que c’était pire.  Mais j’ai la chance désormais d’avoir des amis dans la famille HANDI’CHIENS qui ont déjà effectué un renouvellement et à qui je peux poser mes questions, parler de mes doutes. Je garde en mémoire les paroles de Virginie qui m’avait alors dit : « N’aie pas de doutes en toi ce jour là. Ecoute toi, fais confiance au chien qu’on te présentera, regarde-les et tu sauras lequel sera pour toi »

3 février 2014

J’appréhende encore plus que pour mon premier stage. Je sais désormais ce qu’il me faut et je risque d’être davantage exigeante. Est-ce qu’un chien va savoir me « séduire » !? 

Je rentre dans la salle de travail, une boule de poils rousse fait de même. Mon cœur explose à l’intérieur de ma poitrine : c’est Gavotte. Je ne sais pas comment mais j’ai l’impression qu’elle me reconnaît et au lieu de renifler la salle de travail qu’elle n’a pas vue de tout le week-end, elle vient directement me faire un câlin et me sauter sur les genoux.

Je sais qu’il ne faut pas que je m’emballe et qu’il faut que je laisse sa chance au second chien. Ce n’est qu’un premier contact, il faut que l’on travaille ensemble mais j’ai l’impression que c’est elle qu’il me faut, qu’il n’y a pas besoin d’aller plus loin. Malgré tout, je connais bien l’équipe et je leur fais confiance alors on fait tous les exercices pratiques. Gavotte n’est pas une « flèche technique » mais avec le temps on apprendra à mieux travailler ensemble

Arrive le second chien, je ne sais pas pourquoi il ne vient pas vers moi… Pendant tous les exercices je ne sens pas son envie même s’il est très technique -plus que gavotte-. Lorsque l’on fait de la marche en laisse, il essaye d’aller en arrière. Une heure trente plus tard environ, l’équipe me dit : « Est-ce qu’il y a une évidence pour toi ? » Ma réponse est sans appel : « C’est Gavotte ! ». La réponse de l’équipe ne se fait pas attendre « En effet, pour nous c’est elle ». Le soir même nous nous sommes retrouvés tous les trois, mon mari, Gavotte et moi dans notre hébergement. Tout en douceur, elle est venue se coucher près de nos pieds. Mon compagnon m’a dit : « Tu sais, je suis peut-être bête mais je crois que je l’aime déjà ».  

Gavotte m’a surprise dès les premières heures de notre vie commune par son écoute, sa simplicité. Avec elle, tout semblait facile et c’est toujours le cas 7 ans plus tard.

Une aventure pleine de souvenirs qui n'est pas terminée...

Aujourd’hui si l’on me pose la question je serais bien incapable de vous dire qui d’elle ou de moi a choisi de faire un bout de route en commun.

Cawa a très vite été mon double, nous avons affronté ensemble les difficultés d’acceptation dans les lieux publics en parlementant, en expliquant. Aujourd’hui avec Gavotte, beaucoup moins d’obstacles se posent parce que les gens ont fini par nous connaître dans les environs et même au-delà. Avec mes deux compères, nous avons vécu pas mal d’aventures comme le premier chien d’assistance au zénith D’Auvergne, l’Olympia, Disneyland Paris, Le Crazy Horse et tant d’autres … Mais au-delà de nous accompagner partout, il ne faut jamais oublier que la magie de nos chiens, c’est leur adaptabilité. Cawa avait déjà fait de son mieux mais Gavotte est vraiment exceptionnelle à ce niveau là. Elle a su au fil du temps s’adapter à l’évolution de mon état physique et donc à ma façon de lui donner des commandes, de répondre à ces dernières mais aussi comprendre toute notre relation non verbale qui fait que maintenant elle anticipe volontiers certaines de mes demandes. C’est vraiment mon alliée de tous les instants.

Il m’est arrivé de me retrouver au sol parce que je suis tombée et qu’elle vienne me lécher le coin des yeux parce que quelques larmes ont coulé… Au bord de la plage où l’un marche quand l’autre roule sur une piste à vélo, je lâche sa laisse et, malgré son irrésistible envie d’aller courir sur la sable, elle marche tout en douceur sur le sable sans partir trop loin. Un petit rappel, même avec le bruit du vent, suffit à la faire revenir à nos pieds

Ma « petite rousse », tu auras bientôt 10 ans et je n’imagine pas ma vie sans toi. Parfois pour ton bien-être, il est nécessaire de te laisser en famille relais quand la maladie a décidé que je devais rester au calme. Et pour ça, on ne peut que dire merci aux familles relais qui sont présentes.

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